GRAND STADE : MARIER RUGBY ET MUSIQUE 12 MOIS SUR 12
Que les amateurs de musique se rassurent : le temps des concerts « saisonniers » sera peut-être bientôt révolu. En proposant à la Fédération Française de Rugby d’accueillir, à échéance 2017, le futur Grand stade du rugby français, Thias-Orly n’ambitionne pas seulement de jouer un rôle central sur la carte de l’Ovalie. Son projet d’équipement multifonctionnel pourrait également donner un sacré coup de jeune à la vie culturelle de la région Île-de-France, voire du pays tout entier.
Le Grand stade de Thiais-Orly serait conçu pour recevoir, à l’image de toutes les enceintes modernes, en Europe comme outre-Atlantique, les plus belles affiches du rugby et un copieux programme de concerts. Une série de grand-messes du rock, de la variété ou de la musique électronique qui pourrait, enfin, s’étaler de janvier à décembre. Johnny Hallyday, Red Hot Chili Peppers et Coldplay, les trois « blockbusters » de l’année 2012, devront se produire en France entre juin et septembre, faute d’un grand stade équipé d’un toit.
À Thiais-Orly, l’enceinte du Val-de-Marne en serait équipée. Il y serait ainsi possible d’organiser des concerts tout au long de l’année, un atout certain pour la capitale française. Commentaire d’un professionnel de l’industrie du spectacle : « Un deuxième stade, en plus de celui de Saint-Denis, permettrait de faire venir des artistes en hiver ou en automne, une période de l’année où le public répond toujours présent en Ile-de-France.»
La vocation culturelle du projet de Thiais-Orly semble plus que légitime. À écouter les uns et les autres, elle pourrait même sérieusement muscler l’industrie du spectacle. « La création d’un nouveau grand stade pourrait créer un appel d’air, suggère-t-on chez Nous Production. Dans cet univers, les artistes ne sont pas seuls à faire venir le public. L’enceinte peut également jouer un rôle. » Pour preuve la rumeur persistante d’un concert de Johnny Hallyday l’été prochain pour inaugurer le futur Grand stade de Lille Métropole. Le chanteur n’avait pourtant pas prévu initialement de faire étape dans le Nord.
Les atouts du projet de Thiais-Orly, accessibilité depuis la capitale, proximité de l’aéroport d’Orly, réseau de transports en commun très fourni, valent autant pour une programmation culturelle que pour les rencontres de rugby. « Les grands concerts se vendent vite et bien lorsque les spectateurs ont la certitude de pouvoir aller et revenir du stade rapidement, explique-t-on chez francebillet.com, un site de billetterie en ligne. » À Thiais-Orly, la situation géographique de l’enceinte et son environnement très urbain pourront garantir des tribunes pleines et une rentabilité immédiate.
Toutes les études le démontrent : l’industrie de la musique ne vit plus de la vente des albums, mais des recettes des concerts. Un domaine où les grosses écuries se taillent une part toujours plus large. En 2011, les cinq tournées mondiales les plus suivies (U2, AC/DC, Bruce Springsteen, Madonna et Britney Spears) ont toutes dépassé les 130 millions de dollars de revenus. En juin dernier, les trois dates successives des Black Eyed Peas au Stade de France ont attiré plus de 225 000 spectateurs. « Le public existe, assure un promoteur. Quant aux artistes, ils sont souvent prêts à se produire dans des stades neufs et ultramodernes. »
En coulisses, il se murmure que l’avenir pourrait passer par une syndication des grands stades à l’échelle européenne. Les « tourneurs » américains se verraient ainsi proposer non plus deux ou trois dates dans un même pays, mais une quinzaine sur l’ensemble du continent. Au dernier pointage, la France occupait le cinquième rang mondial de l’industrie musicale, derrière les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni et l’Allemagne. À en croire le rapport sur les Grands stades réalisé par le Ministère des Sports dans la perspective de l’Euro 2016 de football, elle est pourtant la seule des grandes nations européennes à ne compter qu’une seule enceinte classée 5 étoiles par l’UEFA.
Un deuxième équipement de 80 000 places, accessible et multifonctionnel, ne serait pas de trop pour l’aider à conserver sa position dans le top 5 mondial. À Thiais-Orly, il trouverait toutes les conditions requises pour jouer un rôle majeur dans les calendriers sportif autant que culturel.