GRAND PARIS : MON INTERVENTION À L’ASSEMBLÉE
Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Chers Collègues,
Le Grand Paris est une ambition, une grande ambition qui dépasse, et de loin, le quotidien qui est le nôtre.
Il faut porter son regard loin pour imaginer ce que pourrait être demain cette ville-monde.
Bien sûr cela relativise, ou devrait relativiser les calculs ou petits calculs immédiats, les oppositions conjoncturelles dues aux échéances, l’affrontement des hommes dans la lutte pour le pouvoir.
Ce n’est pas tous les jours qu’un tel saut dans l’avenir est proposé.
Paris a connu dans son développement de grandes étapes qui ont marqué des générations de Français.
Le Paris d’aujourd’hui est, dans sa structure, celui du XIXe siècle, de Napoléon III et du Baron Haussmann.
De Gaulle et Delouvrier ont complété cette organisation, conscients qu’il fallait sortir Paris de l’enceinte de ses limites anciennes et prendre en compte l’existence de la « banlieue » pour en faire la Région parisienne.
Face au vieux Paris, surpeuplé et incapable de loger en totalité l’importante immigration provinciale, les banlieues ont absorbé le trop plein de l’expansion démographique liée à l’exode rural et à la croissance économique de la ville.
C’est la construction de 5 villes nouvelles et du réseau RER dans les années 60 pour répondre aux besoins nouveaux. Désormais, on parle moins de Paris que de la région parisienne, alors qu’apparaissent de nouveaux problèmes jusqu’alors largement négligés, comme celui des transports.
Aujourd’hui, la Région Ile-de-France compte 1 français sur 5 et génère un tiers du PNB. Son développement est un enjeu national.
Elle doit se hisser au niveau des autres villes-monde : New-York, Tokyo et demain Shanghai et Bombay…
C’est le sens du discours fondateur du Président de la République le 29 avril dernier à la Cité de l’Architecture.
Ce projet de loi est le premier acte de cette ambition.
Un premier acte si j’ose dire intelligent en ce qu’il met en place d’abord les infrastructures…
Trop longtemps, devant la nécessité et l’urgence nous avons construit des quartiers au milieu de rien, en petite couronne et en grande banlieue ; et ensuite on attendait des années pour l’arrivée des transports et des services.
Des zones résidentielles importantes ont été créées et sont très peu ou très mal desservies avec un réseau de transports des plus vétustes. C’est la question lancinante par exemple de la ligne A qui est posée. De manière générale, chacun s’accorde à dénoncer l’obsolescence des transports en région parisienne.
Cette fois, ce projet de loi jette les bases d’un réseau de transport d’avenir. Ce métro automatique va créer, dessiner l’épine dorsale du développement économique, résidentiel.
Autour de cette double boucle, la vie va s’organiser avec les projets urbains qui vont changer le visage d’une Région pour la rendre attractive, moderne, puissante, écologique…
Travailler sur le bien-être de ses habitants sera possible avec ce réseau de transport qui devrait relier tous les pôles d’excellence et créer des gares autour desquelles vont s’agréger activités, logements, loisirs…
Les différents projets des architectes de renommée internationale pourront avec l’audace et le talent qui les caractérisent transformer notre environnement à l’image des grandes villes comme Londres, Barcelone et façonner le Grand Paris en le tournant vers la modernité.
Pour une fois, nous allons procéder dans l’ordre, de manière structurée et intelligente.
La Société du Grand Paris aura les moyens d’agir avec des procédures simplifiées mais en passant des contrats de développement avec les collectivités dans un partenariat gagnant/gagnant.
La Société du Grand Paris pourra aussi traiter avec les Établissements Publics Administratifs existants (EPA) dont la mission d’aménagement devra être coordonnée avec cette nouvelle structure.
Les EPA sont nombreux en Région Ile-de-France et prennent en compte l’aménagement de territoires en associant l’État, la Région, les Conseils généraux et les communes.
C’est le cas notamment de l’EPA ORSA… Orly, Rungis, Seine-Amont.
Ce territoire intègre l’aéroport d’Orly qui sera demain desservi par le métro automatique et il est permis de s’en réjouir quand on sait que cet aéroport situé à 7 km de Paris et qui accueille 20 millions de passagers par an n’a pas de liaison directe en transports en commun avec la Capitale.
Ce territoire jouxte le Plateau de Saclay qui est une pièce très importante du dispositif avec ses 17 000 chercheurs. Cet ensemble, Orly, Rungis, Saclay compte 90 000 emplois et constitue l’équivalent à l’Est de ce que représente la Défense à l’Ouest.
Un des mérites du Grand Paris et de ce nouveau réseau de transports sera sans doute de rééquilibrer l’Est et l’Ouest de la région en matière de création d’emplois et d’activités.
Monsieur le Ministre, vous portez avec le gouvernement une grande ambition, nous souhaitons qu’elle soit partagée par le plus grand nombre, au-delà des contours de la majorité présidentielle, dans l’intérêt même de notre Région et de la France des années qui viennent.