Mourad Ghazli démis de ses fonctions d’adjoint
Au Conseil municipal du 1er septembre, conformément à ce que j’avais annoncé en juillet dernier, j’ai proposé de démettre Mourad Ghazli de ses fonctions d’adjoint. La majorité municipale a voté à l’unanimité ma proposition.
Vous trouverez ci-après ma déclaration :
Chers (ères) Collègues,
Vous avez été informés de ma décision de retirer ses délégations et de mettre fin aux fonctions d’Adjoint de Monsieur Mourad GHAZLI après ses déclarations inacceptables au mois de Juillet dernier.
Il disait notamment “j’assume mes mots, oui l’extrémiste laïcard est tout aussi dangereux que Daesch ….”
Cette décision est malheureusement une nécessité. Le Maire, la Municipalité ne peuvent pas être soumis quasi quotidiennement aux débats, provocations, controverses, polémiques et formules tendancieuses postés sur les réseaux sociaux par un adjoint au Maire sur des sujets éloignés de la vie municipale. Surtout quand il s’agit de sujets sensibles, la précision de la pensée comme le choix des mots s’imposent. N’est pas journaliste qui veut. De fait, mettre sur un même plan les “laïcards” et Daesch, dans une fausse symétrie, revient à banaliser la barbarie de cette organisation terroriste.
Loin de reconnaître qu’il a franchi une ligne inacceptable, il invoque au contraire le délit d’opinion. Si c’est une opinion de légitimer un parallèle entre les “laïcards” et Daesch, cette opinion n’a pas sa place dans l’équipe municipale.
La laïcité figure au premier plan de notre Constitution. Son article premier dispose “que la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion …” Ce sont les termes de la Constitution de 1958 voulus par le Général de Gaulle. Cela veut dire que la République est neutre vis-à-vis des religions. En d’autres termes chacun peut pratiquer librement son culte qui relève de la sphère privée en respectant toutefois les lois de la République, normes supérieures qui s’imposent à tous. C’est le modèle français et nos compatriotes défendent la laïcité dans leur grande majorité.
Les “laïcards” sont ceux qui, souvent avec virulence, ont défendu en 1905 la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Aujourd’hui, quand ces débats resurgissent on appelle toujours “laïcards” les militants sourcilleux et intransigeants de la laïcité. Mais ce ne sont pas des terroristes et personne ne tue personne dans ces affrontements verbaux dont la France a le secret. Qu’ils soient de gauche ou de droite, d’extrême gauche ou d’extrême droite, ils ne sont pas des organisations terroristes. Cet élu m’a associé successivement à tous ces mouvements. C’est dire si cette confusion m’assure d’être au juste milieu !
Cet adjoint, pour se justifier, invoque aussi les déclarations publiques de certains élus nationaux : ces élus, Ministres, anciens Ministres, Députés … qui s’expriment ne sont ni Thiaisiens, encore moins adjoint au Maire de Thiais. La Municipalité n’est pas responsable de leurs propos et n’a pas vocation à réagir.
Au contraire, M. GHAZLI ne dispose, lui, d’aucun mandat personnel. N’étant pas élu à un scrutin uninominal (élu départemental, Parlementaire …) il ne peut s’exprimer en son nom propre. Adjoint, il représente le Maire vers lequel se tourne naturellement les demandes d’explications surtout quand il s’agit de sujets hors du champ municipal et a fortiori, sensibles.Déjà, il y a quelques mois, je lui avais reproché de se mêler publiquement et agressivement des relations politiques intérieures d’une puissance étrangère. Il avait mis en cause des Kurdes qui manifestaient à Briançon -qui n’est pas la banlieue de Thiais !- et nous avons été assaillis d’appels et de messages mettant en cause cet adjoint (revêtu de son écharpe tricolore sur facebook) et incriminant le Maire dont il est le représentant comme si il reflétait ainsi ma position. Je lui ai demandé très fermement d’arrêter de s’immiscer dans un conflit étranger (entre la Turquie et les Kurdes) qui n’est pas celui de notre commune.
Ses combats personnels et ses querelles sur les réseaux sociaux ne concernent pas la Municipalité qui ne peut pas et ne veut pas être entraînée malgré elle.
En 2014, au vu des élections municipales, j’avais le soutien des instances nationales de l’U.D.I. et le souhait s’est exprimé d’avoir dans la Municipalité un adjoint de cette formation politique. C’est ainsi que j’ai fait élire Monsieur GHAZLI qui était proche à l’époque de l’entourage de J.L. BOORLO. Il a obtenu l’investiture de cette formation politique. Dans le même temps, il a indiqué à ses collègues de la majorité qu’il quitterait le conseil municipal au bout de 2 ans. Au mois de Juillet l’U.D.I. a fait savoir qu’elle engageait une procédure d’exclusion à son encontre. Si l’intéressé est objectif, il pourrait comprendre que la Municipalité ne peut épouser ses querelles et ses engagements extérieurs.
Nous avions besoin d’un adjoint, pas d’un commentateur de questions compliquées qui exigent nuances et finesses d’analyse comme les sujets religieux ou les conflits du Moyen Orient qui méritent mieux que d’être traités à l’emporte-pièces. Au demeurant, ils ne sont pas de la compétence municipale.
C’est le devoir d’un Maire et d’une Municipalité de prendre ces décisions quand elles s’imposent même si elles sont exceptionnelles.
Dans ces conditions, lui rendre sa liberté, c’est aussi lui rendre service. C’est surtout permettre à la Municipalité de ne plus avoir à répondre de ses actes.
Richard DELL’AGNOLA